Rituel du grade de compagnon

Extrait

 Les ouvrages sur la Franc-Maçonnerie en général et sur le Régime Écossais Rectifié sont nombreux pour ne pas dire innombrables.

Ils répondent tous à un besoin sincère de connaissance mais l’appartenance de leurs auteurs à telle ou telle Structure, souvent dépendants ou liés à leurs autorités, en conditionne la rédaction. Ils sont alors emprunts chacun des « sensibilités » ou des « besoins » des Juridictions ou Obédiences dont ils sont le fruit.

Soucieux de réaliser et d’éditer dans une indépendance totale, motivée par la seule quête de Vérité, des outils fidèles pour donner aux Frères du Régime Écossais Rectifié les meilleurs « supports » pour pratiquer leur Rite, il nous a donc semblé important de réaliser dans une étude la plus complète possible, une compilation des textes et documents connus à ce jour, et en notre possession, en dehors de toute appartenance contrainte à une Obédience, Grande Loge, Grand Prieuré ou Directoire.

Cette approche fut donc d’autant plus délicate qu’il a fallu prendre en considération les seuls documents fiables, c’est-à-dire les manuscrits existant dans les différents fonds connus des bibliothèques nationales, municipales, ou encore des différents fonds privés, que nous avons réussi à obtenir ou que l’on a bien voulu mettre à notre disposition, sans pour autant négliger les ouvrages plus modernes réalisés par les différentes Juridictions et auteurs, étant malgré tout sources de données.

Cela nous donne l’occasion de regretter la rétention opérée par certains « Frères », voire par certaines Structures. Générateurs d’erreurs ou de contradictions, il nous a fallu dans cette approche ignorer les modifications, ajouts ou suppressions, volontaires ou non, syncrétismes provenant des autres Rites que depuis le 19ème siècle les obédiences pratiquant le Rit Écossais Rectifiés ont fait subir aux textes d’origine.

Loin de nous ici l’idée de les combattre ou de les commenter, laissant chacun libre de ses choix.

L’angle de recherche et d’approche de ce travail s’attache aux faits, englobant les évènements du passé, les hommes et leurs appartenances ou expériences initiatiques, les transmissions Rituelles et doctrinales, les enseignements, les instructions et les consignes laissées à travers les siècles par le théosophe lyonnais, Jean Baptiste Willermoz.

Ce travail se veut et reste accessible dans le strict respect des grades, la seule motivation à cette étude a été d’établir une collection de livrets, basée sur la connaissance et la compréhension du Régime Ecossais Rectifié et de son Rit, véritable « outil bibliothèque » de travail pour les Frères Maçons Rectifiés.

Cela nous a conduit à agir en véritables archivistes, mais également en historiens, pour réaliser une série de documents reprenant dans leur intégralité les sources des manuscrits du « Maitre Lyonnais », sans oublier les courriers et autres échanges avec ses contemporains, comme le Baron de Hund, le Prince Charles de Hesse, les Frères Jean et Bernard-Frédéric de Turckheim, Rudolph Saltzmann, Joseph de Maistre, Claude-François Achard ou encore le moins connu Daniel-Barthélémy Lajard.

Nous avons bien évidemment tenu compte des diverses publications existantes pour parvenir, après une lecture objective conduisant à un référencement rigoureux des sources et citations, à la réalisation d’ouvrages essentiels pour tous les Frères du Régime Ecossais Rectifié ayant le souci d’une pratique « Régulière » du Rite.

Que faut-il entendre par « Régularité » : rien d’autre que la transmission ininterrompue de l’Initiation par l’application et la pratique respectueuse des « Règles » d’un Régime ou d’un Ordre. Sans parler du paradoxe créé par les Obédiences, y compris celles soucieuses de la « Reconnaissance », car la « Régularité » ne peut souffrir d’adaptation. C’est en préservant l’intégrité et l’intégralité dans le fond et la forme, laissant de côté les évolutions et les adaptations liées aux nécessités du temps, que la « Régularité » prendra sens ! Ce fut le souci permanent de nos ainés, Jean Baptiste Willermoz en tête, qui n’eut de cesse d’exiger une transmission rigoureuse.

Nous verrons au cours de ce travail ce que cela implique ou devrait impliquer aujourd’hui.

Représentant en dehors de nouvelle découverte les derniers Rituels connus destinés aux officiers d’une loge rectifiée pour les quatre grades symboliques, nous avons choisi de référencer notre ouvrage aux manuscrits qui constituent l’ensemble communément appelé « Rituels de la Triple Union »,

Pour mémoire, réveillée en 1801 sous le maillet du Vénérable Maître Claude François Achard, qui avait déjà assumé auparavant cette charge de 1784 à 1788, année de sa suspension, la loge marseillaise retravaillait sur les bases des Rituels copiés et conservés par le Frère Jean-Louis Castel1, qui en était le Second Surveillant en 1788.

Ces Rituels, attestés conformes aux originaux par le Maître lyonnais qui tenait à cette « mention » particulière, ont été copiés directement au domicile de Jean-Baptiste Willermoz par le Frère Charles Taxil, membre de la Loge « La Triple Union » à l’Orient de Marseille et mandaté par le Vénérable Maître Achard à l’occasion d’un voyage d’affaires à Lyon, durant le premier semestre de 1802. Ils sont donc également de façon courante et par habitude ou raccourci dénommés « Rituels de 1802 »

Les manuscrits que Charles Taxil a recopiés, correspondent à « la dernière révision » que Jean-Baptiste Willermoz a réalisée sur l’ensemble doctrinal et rituélique du système rectifié, se conformant ainsi aux décisions prises au Convent de Wilhelmsbad. On peut les dater des années 1787 – 1788, et ce, au regard des notes manuscrites du théosophe lyonnais, datées de ces mêmes années. Cette révision concerne essentiellement le grade d’Apprenti et le grade de Compagnon, légèrement celui de Maître ; celle de Maître Écossais de Saint André sera achevée au 19ème siècle.

Le travail fut hardi et d’une ampleur qui a dépassé toutes nos prévisions, aussi nous sollicitons des lecteurs indulgence et compréhension. Il n’est pas de connaissance égoïste, de connaissance qui ne soit pas collective et le fruit d’échange entre tous les Frères de Désir.

Afin de mettre à disposition de l’ensemble de nos Frères du Régime Écossais Rectifié des Rituels qui respectent le mieux possible la doctrine que souhaitait enseigner le fondateur du Rite Jean-Baptiste Willermoz, le manuscrit du dernier Rituel connu du grade de Compagnon est repris in extenso, en lettres d’imprimerie moderne. Déposé à la Bibliothèque Nationale de France sous la cote FM4 527, il était destiné au Vénérable Maître de la Loge.

Lui sont adjoints le manuscrit destiné au Second Surveillant, BNF FM4 528, et ceux destinés au Frère Orateur, BNF FM4 529, au Frère Préparateur, BNF FM4 530 ainsi que celui du Frère Introducteur, BNF FM4 531. Cet ensemble forme la base d’un « Rituel d’usage » complet, représentant tous les écrits rituéliques du Grade de Compagnon, dernière « mouture » du Maître Lyonnais.

Il apparaît à la lecture de ces manuscrits que le déroulement de l’assemblée, et plus particulièrement celui de la Cérémonie de Réception, était peu explicité et que pour donner aux Frères du Régime Écossais Rectifié, le meilleur « recueil » pour pratiquer le Rit, il fallait apporter les éclaircissements et les détails que ces derniers manuscrits n’offraient pas. Ainsi le manuscrit FM4 527 consacré à l’intervention du Vénérable Maître débute à l’ouverture en Compagnon et s’achève à la clôture de même ; rien de ce qui concerne la décoration de la loge, la Chambre de Préparation, les fonctions des Frères Préparateur, Parrain et Introducteur n’est mentionné ; l’ouverture et la clôture en Apprenti ne sont pas indiquées non plus. Le manuscrit du Second Surveillant est imprécis et souvent illisible, quant à celui de Premier Surveillant, nous n’en disposons pas.

Ce deuxième grade du Régime Rectifié est plus important qu’il n’y paraît.

Il met en lumière les vices de l’état de l’homme « dégradé », figurés par les métaux, puis son image dans le miroir, symbole du chemin de vertus à parcourir. En effet, s’il convient d’abandonner les vices, plus encore le Frère Compagnon devra faire sienne la quête des vertus indispensables pour le « Maçon Rectifié accompli en devenir ».

Ce cheminement initiatique dans les voyages au grade de Compagnon pose le problème du sens desdits voyages.

L’ouvrage que nous présentons répare beaucoup de mauvaises habitudes prises ici où là : les voyages s’effectuent tous dans le même sens de l’Occident à l’Orient par le Midi et retour de l’Orient à l’Occident par le Nord.

Le Compagnon devenu Persévérant connait maintenant sa Voie, alors que l’Apprenti Cherchant ne la connaissait pas, il était « perdu ».

Dans la version des Rituels qu’on appelle couramment les « Rituels de 1785 », Jean-Baptiste Willermoz avait décrit de manière plus détaillée le comportement ou la gestuelle que devaient observer les Frères Rectifiés.

Considérant probablement que les Frères connaissaient déjà tous ces détails, il n’a peut-être pas jugé utile de repréciser ce qui était pour lui une évidence.

Aussi, dans le but de réaliser un « Rituel d’usage » pratique et complet, toutes ces explications minutieuses du déroulement de la cérémonie, déposées à la Bibliothèque Municipale de Lyon sous la cote MS 5922-2 de 1783-85, sont reprises de ce manuscrit antérieur du grade de Compagnon et intégrées dans notre « recueil ».

Nous avons également repris à des fins pratiques les parties concernant l’ouverture et la clôture du Rituel d’usage du grade d’Apprenti.

Les dessins en couleurs des tableaux et décors nécessaires aux Cérémonies du grade de Compagnon sont insérés dans le texte. Ils se veulent la traduction et la représentation exacte de la description faite dans les manuscrits. Les couleurs permettent de visualiser immédiatement certains détails ayant une véritable importance dans la signification ésotérique desdits tableaux.

Des « notes de bas de pages » précisent la pratique fonctionnelle souhaitable, soit en tenant compte de la volonté clairement affichée par le rédacteur d’origine, soit en y apportant une explication provenant d’un manuscrit antérieur.

De même, lorsque la précision s’imposait, nous avons inséré des « notes du rédacteur » dont le texte plus conséquent explicite et détaille certaines particularités du Rite.

Ce recueil se veut destiné aux Maçons Rectifiés pour un usage quasi quotidien, une pratique simple et rigoureuse conduisant à une application des textes hérités du « Maître lyonnais ».

En réalité, il nous conduit à comprendre les particularités du Régime Écossais Rectifié et de son Rit, si différents des autres systèmes maçonniques.

Attaché dans la rédaction de ces textes à une authenticité indiscutable, nous souhaitons que ce travail contribue à la connaissance et à la compréhension du Régime Ecossais Rectifié et de son Rit.

Confirmant l’unicité monolithique de l’Ordre Rectifié, ce recueil sera pour tous les Maçons Rectifiés un instrument à la fois pratique et complet, sans autre volonté que la recherche de la Vérité, rien d’autre que la Vérité.

 

 

Nombre pages  120

 Prix : 30 € + frais envoi postal       Ref 21